Chien coiffé d’un chapeau pointu, femme-oiseau prête à s’envoler ou cathédrale moscovite semblable à une pièce montée écarlate : Maria Baliassova couche sur la toile ou le papier des sujets évanescents, comme tout droit sortis d’un rêve.
Ses collègues la connaissent comme Maria Rentz, mais c’est sous le nom d’artiste de Baliassova qu’elle expose. La bibliothécaire fait aussi une infidélité à son lieu de travail - la Bibliothèque des langues – pour celle des arts, au Palais universitaire. Tout simplement car sa thématique se prête à l’accueil d’expositions, tout au long de l’année.
Quatorze toiles et dessins y sont disséminés, sur les étagères et au mur. Autant de touches de couleurs, bouquets de coquelicots et enfants au visage lunaire, inspirés à Maria Baliassova « par les mythologies slaves et l’iconographie naïve populaire ». Parmi les motifs qui lui sont le plus chers : celui de la sirine. Cette très belle femme au corps d’oiseau, on pourrait dire que Maria Baliassova en a fait sa mascotte ou son « ange-gardienne ». C’est d’ailleurs l’une de ces cousines slaves de la sirène qui accueille le visiteur, à l’entrée de la bibliothèque. « C’est un motif traditionnel russe, mais j’ai aussi eu la bonne surprise de la rencontrer dans un graffiti, en Iran. »
Voyages proches et lointains
Moyen-Orient, Balkans, Russie, mais aussi villages alsaciens : c’est de ses voyages, proches et lointains, que Maria tire les motifs de son inspiration. A commencer par ceux qu’elle réalise tous les ans dans son pays natal, aux côtés de son amie Elena Samodelova, ethnographe à l’Académie des sciences de Russie. « Un moyen d’approcher les vieilles paysannes a été de les dessiner : c’est moins intrusif que la photo. Le contact avec ces populations, si simples dans leur dénuement, a été une révélation. »